Stéphane Hessel

Indignez-vous de Stéphane Hessel *

Cet ouvrage de 23 pages, rédigé par Stéphane Hessel, a connu un succès retentissant. Depuis octobre 2010, il a été tiré à plus de 1 700 000 exemplaires et traduit dans plusieurs langues. S. Hessel, résistant anti-nazi, diplomate français, est toujours engagé à 93 ans pour les droits des roms, des sans papiers, du peuple palestinien. Il est le dernier co-rédacteur vivant de la Déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948. Dans son pamphlet, il évoque les pistes pour mettre un terme au néolibéralisme et au manque de respect pour la planète. Il prône la mise en commun de nos indignations afin de contrer l’indifférence véhiculée par les médias devant le spectacle de la banalisation des guerres, de la misère, des inégalités sociales et de la dictature des marchés financiers,…

Après ce succès planétaire, il publie en mars 2011 « Engagez-vous » **, un ouvrage d’une centaine de pages qui représente pour lui « un appel aux jeunes générations à se révolter et à s’engager ».

* Editions Indigène, Collection Ceux qui marchent contre le vent, octobre 2010.
** Editions de l'Aube, mars 2011.

La Libre Belgique

Un féminisme entre grands combats pacifistes et d’utiles actions émancipatrices

Le Rassemblement des Femmes pour la paix a fêté ses 60 ans par un colloque et par un ouvrage très bien documenté. Il reste plus que jamais fidèle à ses idéaux progressistes.

Un colloque qui a eu lieu la semaine dernière à Bruxelles mais aussi un livre particulièrement bien documenté et réalisé avec la collaboration de l’université des femmes évoquent les six décennies d’existence du Rassemblement des Femmes pour la paix qui fut un des fers de lance du combat féministe en Belgique.

Dès la fin de XIXème siècle, il est apparu qu’il y avait pour le moins des passerelles entre le pacifisme et les mouvements féministes. C’est que les deux combats se rejoignaient contre l’oppression et la violence et contre la guerre perçue comme un monde masculin. En outre, l’engagement des femmes dans le pacifisme n’avait fait que renforcer leurs revendications émancipatrices et égalitaires. La montée des périls avait vu déjà nombre de femmes s’engager au nom des idéaux progressistes avant le Seconde Guerre mondiale et tout naturellement, un grand nombre rejoignit la Résistance.

Avant même la fin de la guerre s’était alors créée chez nous une Union des femmes exprimant bien l’euphorie patriotique du moment, ce qui se confirma ensuite lors de la Libération.

C’était un mouvement réunissant des femmes de tous milieux et de tous horizons qui entendaient voir s’améliorer globalement leur quotidien. Elles finirent par obtenir certaines revendications dont, enfin, le droit de vote aux élections législatives mais elles avaient encore payé un lourd écot en vies humaines en 40-45. La paix revenue, leur belle unanimité fut cependant rapidement brisée par la Guerre Froide.

Il allait en surgir divers mouvements dont le mouvement des Femmes pour la paix qui se définit comme progressiste et démocratique. Avec notamment une importante présence communiste mais pas exclusivement.

Six décennies plus tard, le Rassemblement des Femmes pour la paix est toujours là mais entre-temps il a été de toutes les grandes luttes féminines – féministes… – récentes. Cette évolution a été évoquée la semaine dernière au Centre Amazone sous la houlette de l’historienne Marie-Thérèse Coenen, en collaboration avec d’autres spécialistes de la question.

Un livre remarquablement bien illustré et surtout bien documenté avec une noria de portraits de militantes prolonge la réflexion, rappelant que le Rassemblement des Femmes pour la paix avait rapidement élargi son action après s’être limité d’abord à l’analyse de la situation internationale.

Pour cause d’affrontements idéologiques entre l’est et l’ouest, le mouvement eut sa part de tensions, d’éloignements et de rapprochements. Mais le RFP se souda dans le combat pour les nouveaux droits des femmes.

Le livre rappelle avec forces détails la popularisation de l’accouchement sans douleur, la grève des « femmes-machines » de la FN Herstal, la lutte pour le droit au travail des femmes mariées ou encore, last but not least, le long combat pour la dépénalisation de l’avortement.

C’est donc un ouvrage à mi-chemin entre travail historique et travail de commémoration issu d’un dialogue entre historiennes et des militantes de terrain. Ce qui le rend terriblement vivant et bigrement actuel !

Christian Laporte, Un féminisme entre grands combats pacifistes et d’utiles actions émancipatrices, La Libre Belgique, jeudi 3 décembre 2009.