La « dissuasion » nucléaire française

Depuis le printemps 2014, partisans et adversaires du maintien de la force de frappe nucléaire française ont débattu âprement devant l’Assemblée nationale. Le lobby nucléaire avance que la France doit garder une force de « dissuasion » des fous, pour cibler les centres de pouvoir d’un régime adverse ou lui donner un ultime avertissement. Il justifie la nécessité de pouvoir organiser ces « frappes » par la prolifération des puissances régionales (il cite généralement le Pakistan et l’Iran en « oubliant » Israël…).

Le général Bernard Norlain, membre de la campagne internationale contre la bombe – « Global Zero » ou en français « Le Zéro nucléaire » – a aussi été auditionné. Pour lui, il ne faut pas attendre un désarmement international, complet et vérifié, pour mettre en œuvre l’abandon de la bombe atomique. Elle ne dissuade aucun terroriste, ne prévient aucune cyber-attaque et aujourd’hui la « dissuasion » peut se baser sur d’autres armes de l’arsenal conventionnel modernisé (armes de portées diverses dont la transmission peut être sécurisée et la précision optimalisée).
L’ensemble des militaires se plaignent de la contraction du budget de la défense qui a fait tomber le nombre de têtes nucléaires de 650 à 300 en vingt ans… Pour rappel la France dépense 3 milliards d’euros par an pour sa « dissuasion » nucléaire, soit un quart du seul budget « investissements » de l’armée. Des chiffres qui font tourner la tête quand on les traduit en nombre d’instituteurs(trices) ou d’infirmier(e)s supplémentaires que cela permettrait d’embaucher.

Rosa Moussaoui

Mercredi, 30 Juillet, 2014

Mardi encore, à Haïfa, des pacifistes manifestent contre la conscription militaire en exigeant « fin de l’occupation », « arrêtez de tuer des enfants », « retour des soldats ».

Crédit: Rami Shlush

Appelés ou réservistes, les objecteurs de conscience dénoncent les crimes de guerre perpétrés à Gaza. Dans une société très militarisée, les nationalistes et l’extrême droite les traitent de « terroristes » à la solde des « Arabes ».

_HAÏFA (ISRAËL), ENVOYÉE SPÉCIALE _
Ce soir, Udi dormira en prison. Ainsi en a décidé le commandant du centre de recrutement de l’armée qui a prononcé la sanction contre le jeune homme de dix-neuf ans, objecteur de conscience. Le jour de son incarcération, plusieurs dizaines de « refuzniks » sont venus soutenir Udi Segall devant le tribunal d’Haïfa, brandissant des pancartes contre la guerre, clamant leur refus de prendre part au massacre en cours dans la bande de Gaza. Tous sont très jeunes, à peine sortis de l’enfance. Dès la sortie du lycée, les jeunes Israéliens doivent passer par la case d’un long service militaire, trois ans au minimum pour les garçons, vingt-deux mois pour les filles. Udi n’a jamais pu se résoudre à cette idée. Moins, encore, depuis que sa rencontre avec des Palestiniens de Cisjordanie a bouleversé sa vision du conflit. « Les terroristes, ce sont ceux qui tuent des enfants à Gaza. J’espère que nous serons de plus en plus nombreux à refuser d’être complice de ces crimes », tranche-t-il. À ses côtés, Aya, dix-sept ans, raconte comment, tout au long de son enfance, elle a été conditionnée, par l’école, à cette idée de servir dans l’armée. Dès le jardin d’enfants, on vous inculque l’amour de l’armée israélienne, institution sacrée. On vous fait faire des colis et des dessins pour les soldats au front. On vous fait croire que la guerre aux Palestiniens, c’est l’amour de la patrie. Pour de jeunes Israéliens, de plus en plus nombreux, les images arrivant de Gaza viennent fracasser ce récit millimétré par la propagande. « Ce qui se passe à Gaza est horrible et inutile. Palestiniens et Israéliens veulent vivre en paix et en sécurité. Alors il faut se mettre autour d’une table et discuter. Cette guerre ne fait que préparer la suivante, dans un cercle infernal qui n’en finira jamais si nous ne disons pas non », assure la lycéenne. Bar est encore plus jeune, seize ans. Son air enfantin tranche avec sa maturité. Sa décision est prise depuis longtemps. « La guerre que nous menons aux Palestiniens est immorale, injuste et meurtrière. Elle nous mènera, à court terme, vers de dangereuses extrémités. Israéliens et Palestiniens devraient vivre ensemble, à égalité de droits, peu importe la forme que cela prendra, affirme-t-il. Si les Israéliens soutiennent dans leur majorité cette offensive militaire à Gaza, c’est parce qu’ils préfèrent fermer les yeux sur les crimes de l’armée. Ils refusent de voir les autres, les Arabes, comme des êtres humains, des égaux. » Sur le trottoir d’en face, des militants d’extrême droite ont pris position, sous l’œil impassible de policiers alignés en un cordon plutôt lâche.
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Trois expos relatives à 1914-1918

La commémoration du début de la Première Guerre mondiale a engendré de nombreuses expositions dont plusieurs sont intéressantes d’un point de vue pacifiste.

  • Le Musée de Louvain (Leuven) a ainsi axé son exposition sur l’incendie de la ville par l’armée allemande en août 1914, en le resituant à la fois dans tous les désastres de ce type (depuis l’incendie de Troie) qui inspirèrent souvent les artistes, et en proposant une réflexion sur la place que ce sac a eue dans la propagande alliée le présentant comme l’archétype du comportement allemand en pays conquis. L’exposition a aussi mis en valeur le travail de l’artiste palestinienne, Emily Yacir, ayant patiemment photographié dans une bibliothèque israélienne, les livres qui ont été « confisqués » aux Palestiniens lors de la campagne de 1948.

(Exposition « Ravage » au Museum Leuven, Leopold Vanderkelenstraat 28, jusqu’au 1er septembre 2014)

  • Les Archives d’Architecture moderne (55 rue de l’Ermitage, 1050, Bruxelles) présentent jusqu’au 28 septembre 2014 une exposition intitulée « 1914-1918… et après ». Il s’agit de montrer, à travers les projets des architectes, les monuments aux morts projetés ou réalisés. Mais l’exposition offre aussi une inestimable série de dessins et aquarelles sur la vie dans les camps de prisonniers en Allemagne due à un jeune architecte belge détenu, Henri Derée. Il s’agit d’un témoignage exceptionnel sur la détention.

(info@aam.be ou 02/642.24.62)

  • Enfin, jusqu’au 6 octobre 2014, on peut voir au Musée du Louvre-Lens une vaste exposition sur l’horreur de la guerre. Elle parcourt la période qui va des campagnes napoléoniennes à nos jours, à travers l’art et l’histoire. Gratuité de la violence, atrocité des combats et absurdité de la guerre sont au rendez-vous.

(« Les désastres de la guerre », www.louvre-lens.fr)

Plateforme Watermael-Boitsfort Palestine

Cet été, l’interminable conflit entre Israéliens et Palestiniens a connu un nouveau paroxysme. En tant que citoyen européen, nous y avons assisté à travers les médias avec impuissance.

Plusieurs femmes, membres d’associations ou à titre personnel, s’étant rendues dans la région ont décidé de créer une « Plateforme Watermael-Boitsfort Palestine » et de mettre en place une semaine d’actions permettant de questionner nos certitudes et de revoir les clichés véhiculés par les informations partiales ou partielles. A travers films, rencontres, conférences, expositions et concert, nous vous proposons une réflexion sur le vécu de ces populations, leurs aspirations, leur combat, avec l’éclairage de personnalités exceptionnelles tant israéliennes que palestiniennes.

Nous espérons vous y rencontrer.

Cathy Mayer

Plateforme Watermael-Boitsfort Palestine

Dafna est notre avenir

Une toute jeune fille de 17 ans, Dafna Rothstein Landman, est la porte-parole de 50 lycéens israéliens qui, arrivés à l’âge de faire leur service militaire, refusent de servir dans une armée d’occupation. Les jeunes objecteurs et objectrices de conscience (car les filles sont aussi appelées dans l’armée israélienne) ont écrit une lettre au Premier ministre israélien, Netanyahu, en lui signifiant qu’ils n’acceptent pas d’être enrôlés dans une armée qui viole les droits humains et accomplit des actes que le droit international considère comme des crimes de guerre.

« Nous ne porterons pas l’uniforme. »

Dans une interview au journal italien « Il Manifesto » (11 mars 2014), Dafna explique que leur décision a mûri alors qu’ils avaient eu l’occasion d’aller en Cisjordanie et de constater personnellement les violences de l’armée israélienne à l’égard des Palestiniens, dans le cadre de l’occupation.

« Femmes pour la Paix  » est co-signataire de la lettre envoyée au Premier ministre lui demandant de retirer les armes nucléaires stockées sur le territoire belge.

Monsieur le Premier Ministre

Suite à l’initiative du Vrouwenraad, la Plateforme 1325 a été créée en 2009 en Belgique. La plateforme comprend des organisations civiles et des membres féminins du Parlement. Elle a pour but de veiller à l’implémentation de la Résolution 1325 de l’ONU (adoptée le 31 octobre 2000) et de mener également des actions.

Une des actions les plus connues jusqu’à présent est l’hommage à une soixantaine de femmes de paix, qui se sont engagées ou qui s’engagent toujours pour la paix, ici ou à l’étranger. Les hommages ont pris place en 2010, 2011 et 2012 (la dernière fois la Reine Paola était présente). Au mois de mai 2012, les femmes de paix furent accueillies au Château de Laeken par le Roi Albert et le Reine Paola.
La Résolution 1325 met surtout l’accent sur le rôle des femmes comme actrices de paix et leur attribue une place autour des tables de négociations et un rôle important dans la reconstruction de la communauté et du pays après le conflit.
Les femmes de paix se sentent ainsi concernées par la position belge regardant les armes nucléaires sur notre territoire.
Les femmes de paix estiment qu’un désarmement nucléaire général est nécessaire. Les armes nucléaires sont des armes de destruction collective avec des suites très nuisibles pendant des années durant après l’attaque. Les pays qui ne possèdent pas d’armes nucléaires se sentent obligés d’en produire ou d’en acquérir. Le stockage est un danger permanent et coûte énormément d’argent, qui pourrait être dépensé à meilleur escient.
Nos enfants et petits-enfants ont droit à un monde sans armes nucléaires. Ces armes ne sont pas faites pour se défendre. Elles n’ont rien affaire avec la paix et les Droits de l’Homme. Il n’y a qu’une seule solution possible: elles doivent disparaître.
Le retrait des armes nucléaires du territoire belge peut y contribuer. Les femmes de paix insistent pour que le gouvernement les fasse enlever, comme convenu dans le dernier accord gouvernemental. Les budgets, qui seront ainsi disponibles, pourront être investis dans de vrais projets de paix, comme l’aide au développement, les Droits de l’Homme et l’implémentation de la Résolution 1325.
Notre pays a le droit de prendre une décision autonome en cette matière. Les femmes de paix vous demandent, Monsieur le Premier Ministre, de prendre encore les décisions nécessaires durant la législature actuelle.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Premier Ministre, à l’assurance de notre haute considération.

Pour le groupe « des Femmes de Paix »