« La chambre de Damien » de Jasna Krajinovic

Slovénie, les années 2000. Damien a vingt ans au moment où Jasna Krajinovic tourne son film documentaire. Il sort de prison où il a passé plus de cinq ans pour avoir battu à mort un sdf, un soir de beuverie avec des compagnons d’errance. Damien raconte son enfance, sa relation avec sa mère, la dépendance à la drogue du père qui a fini par le tuer, son éducation par ses grands-parents, pleins d’affection… et d’incompréhension.

Il revient sur cette fameuse soirée, la rage d’une vie d’adolescent frustre et frustré surgie des brumes du cannabis et de l’alcool et qui s’exprime en tuant. Il raconte à la caméra de Jasna Krajinovic la colère sans nom, le vide de sa propre vie d’enfant du monde ouvrier tel qu’il est devenu dans l’ex-Yougoslavie. Ponctué d’images en noir et blanc, le film montre l’enfermement de la prison auquel répond, comme un écho glacé, l’enfermement du dehors.

Car la vie hors les murs que Damien et ses camarades de cellules espèrent s’avère tout autant un espace d’enfermement, le lieu d’une vie sans perspective pour les jeunes des milieux populaires. À l’enfermement carcéral répond cette vie de misère matérielle, mais aussi morale et affective du dehors. Au delà des mots, Jasna Krajinovic parvient à capter la conscience qu’a Damien de cette ambivalence du « dehors enfermé ». Sans augurer de solution que la réalité n’apporte pas, aucune révolte sociale à l’horizon ne permet d’espérer d’autres lendemains.
Le film s’achève pourtant sur une ouverture : Damien n’est pas brisé.

Article de Samia Beziou

Près de 4 millions d’euros pour une nouvelle clôture

Les militants pacifistes connaissent bien la base aérienne de Kleine-Brogel où de fréquentes manifestations dénoncent la présence – discrète – d’armes nucléaires.
En 2013 une clôture supplémentaire encerclera ce périmètre de 10 km sur une hauteur de 3 mètres pour éviter les « tentatives d’intrusion ». Par ailleurs des systèmes de vidéo-surveillance et de détection seront installés. Coût : 3,83 millions d’euros.

« Et maintenant on va où ? »

Film Nadine Labaki

Le film ne sera sans doute plus à l’affiche lorsque vous lirez ces lignes mais sera disponible en DVD.
Nadine Labaki, qui s’était déjà taillé un joli succès avec « Caramel », signe avec ce nouveau film une fable drôle et universelle sur la nécessité de rompre le cycle infernal des guerres et le cortège de malheurs que doivent endurer les femmes. La réalisatrice libanaise, sur fond de tragédie, montre tous les stratagèmes dont vont user les femmes pour détourner leurs hommes de leur sinistre penchant à la violence…

Encore une guerre « juste » ?

Combattre les djihadistes au Mali apparaît très généralement aux Européens une noble cause, comme le serait la lutte contre des tyrans disséminés de par le monde (Irak, Libye, Syrie, Mali…). Il faut arrêter l’offensive islamiste et détrôner les pouvoirs dictatoriaux.
Les innocents voient ainsi nos attaques armées contre des pays tiers ne nous ayant objectivement pas agressés telles que les médias nous les présentent, c’est-à-dire comme des « interventions humanitaires » destinées à sauver des civils en péril un peu partout.
Un des principes de la propagande de guerre est là clairement à l’œuvre. Pour emporter l’adhésion de l’opinion publique envers une guerre il ne faut surtout jamais lui parler de ressources économiques en jeu (les minerais du Niger proche du Mali) ou d’agendas géostratégiques (faire passer l’Irak, la Libye, la Syrie dans le camp occidental, ce qui irrite évidemment Russes et Chinois). Au contraire, il ne faut que de motifs nobles et moraux aux yeux européens comme la lutte contre les intégristes djihadistes.
Mais cette soi-disant lutte contre l’intégrisme est entachée de mensonge quand on a le mémoire un peu plus longue que celle des poissons rouges (trois secondes paraît-il !).

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