« Femmes pour la paix » et pas « Femmes pour la guerre »

Notre association s’intitule « Femmes pour la paix ». Ce nom implique obligatoirement qu’on réfléchisse avec esprit critique lorsque notre pays s’engage dans une guerre, même si celle-ci ne dit pas son nom mais se mue en « opération ».

Alors que notre gouvernement est en « affaires courantes » et est de ce fait incapable de décider quoi que ce soit dans des questions aussi vitales pour la planète que BHV, Linkebeek ou la nomination d’un conservateur dans un musée fédéral (!), il n’y a eu aucun état d’âme à se lancer dans la guerre en Lybie.

Le ministre de la Guerre (pardon, de la « Défense ») De Crem s’y est lancé ) – et avec lui nos armes et nos soldats – avec une détermination rare. La presse a titré qu’il était « plus motivé que les Américains ». Le parlement belge n’a pas émis à son encontre la moindre réserve. Nous voici donc – une fois de plus- partis à la guerre. Mais pourquoi finalement?

Bien sûr comme lors de chaque guerre, on nous a bien expliqué que ce sont nos adversaires qui ont commencé mais ici franchement on ne voit pas en quoi les Lybiens  – tout antipathique que soit leur régime – menaçaient en quoi que ce soit la Belgique.

Comme lors de la guerre contre la Yougoslavie ou l’Irak, on nous a aussi bien enfoncé dans la tête qu’on ne faisait pas la guerre contre les peuples mais bien contre leur tyran fou (Milosevic, Sadam Hussein ou Khaddafi selon les cas). Mais, curieusement, Khaddafi fut reçu naguère en grande pompe à Bruxelles par Verhoofstadt et on nous le présentait alors comme un interlocuteur valable, seul capable de maintenir les immigrants de l’autre côté de la Méditerranée et (accessoirement!) de nous fournir en bon pétrole.

De ce campeur original, plantant sa tente dans les jardins de Sarkozy ou de Berlusconi, il n’est plus question puisqu’il a fait place au monstre par excellence.

Comme d’habitude on tente de nous faire croire qu’il s’agit d’une « agression humanitaire ». Nous allons sauver de « pauvres » insurgés comme autrefois nous sommes venus au secours des talibans en Afghanistan, de l’UCK au Kosovo ou des adversaires de Saddam.

Mais quelle assurance pouvons-nous avoir que ces « insurgés » (dont les chefs sont d’anciens proches de Khaddafi!) soient davantage que les talibans ou l’UCK, des parangons de la démocratie? Par ailleurs la « démocratie » que nos bombes doivent leur apporter est aussi véhiculée par des alliés aussi peu rassurants que le Qatar ou les Emirats arabes.

Quant aux « atrocités » rapportées comme caractéristiques des troupes de Khaddafi, ne nous faisons pas d’illusion, elles sont certainement bien partagées entre les différents belligérants et l’évêque de Tripoli dénonçait récemment les victimes civiles de NOS bombardements.

Ne nous laissons donc pas influencer par la propagande ambiante. Dans beaucoup de pays participant à l’agression « humanitaire » contre la Lybie, la population a manifesté son opposition à la guerre. Nous espérons qu’un tel mouvement se développe rapidement en Belgique.

Ce sont les Lybiens et pas les puissances occidentales qui doivent décider de leur sort.

Malgré l’unanimité des politiques à soutenir cette guerre nous sommes « Femmes pour la paix » et pas « Femmes pour la guerre ».

Anne Morelli, janvier-mars 2011.

ps: « Femmes d’aujourd’hui » du 7 avril 2011 publie un sondage réalisé sur 1542 lectrices. 56% d’entre elles ne sont PAS d’accord avec la participation belge aux raids sur la Lybie…

Dôna Juana

Depuis la nuit et le brouillard: femmes dans les prisons franquistes.

Juana Dôna, résistante communiste, est la dernière femme condamnée à mort en Espagne et qui a passé 20 années en prison. Dans cet ouvrage, elle décrit le terrible quotidien dans les prisons franquistes qu’ont subi des milliers de femmes, hommes et enfants.

Dôna Juana, Depuis la nuit et le brouillard: femmes dans les prisons franquistes, Aden, collection Passe-mémoire, 2009.

Stéphane Hessel

Indignez-vous de Stéphane Hessel *

Cet ouvrage de 23 pages, rédigé par Stéphane Hessel, a connu un succès retentissant. Depuis octobre 2010, il a été tiré à plus de 1 700 000 exemplaires et traduit dans plusieurs langues. S. Hessel, résistant anti-nazi, diplomate français, est toujours engagé à 93 ans pour les droits des roms, des sans papiers, du peuple palestinien. Il est le dernier co-rédacteur vivant de la Déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948. Dans son pamphlet, il évoque les pistes pour mettre un terme au néolibéralisme et au manque de respect pour la planète. Il prône la mise en commun de nos indignations afin de contrer l’indifférence véhiculée par les médias devant le spectacle de la banalisation des guerres, de la misère, des inégalités sociales et de la dictature des marchés financiers,…

Après ce succès planétaire, il publie en mars 2011 « Engagez-vous » **, un ouvrage d’une centaine de pages qui représente pour lui « un appel aux jeunes générations à se révolter et à s’engager ».

* Editions Indigène, Collection Ceux qui marchent contre le vent, octobre 2010.
** Editions de l'Aube, mars 2011.

La Libre Belgique

Un féminisme entre grands combats pacifistes et d’utiles actions émancipatrices

Le Rassemblement des Femmes pour la paix a fêté ses 60 ans par un colloque et par un ouvrage très bien documenté. Il reste plus que jamais fidèle à ses idéaux progressistes.

Un colloque qui a eu lieu la semaine dernière à Bruxelles mais aussi un livre particulièrement bien documenté et réalisé avec la collaboration de l’université des femmes évoquent les six décennies d’existence du Rassemblement des Femmes pour la paix qui fut un des fers de lance du combat féministe en Belgique.

Dès la fin de XIXème siècle, il est apparu qu’il y avait pour le moins des passerelles entre le pacifisme et les mouvements féministes. C’est que les deux combats se rejoignaient contre l’oppression et la violence et contre la guerre perçue comme un monde masculin. En outre, l’engagement des femmes dans le pacifisme n’avait fait que renforcer leurs revendications émancipatrices et égalitaires. La montée des périls avait vu déjà nombre de femmes s’engager au nom des idéaux progressistes avant le Seconde Guerre mondiale et tout naturellement, un grand nombre rejoignit la Résistance.

Avant même la fin de la guerre s’était alors créée chez nous une Union des femmes exprimant bien l’euphorie patriotique du moment, ce qui se confirma ensuite lors de la Libération.

C’était un mouvement réunissant des femmes de tous milieux et de tous horizons qui entendaient voir s’améliorer globalement leur quotidien. Elles finirent par obtenir certaines revendications dont, enfin, le droit de vote aux élections législatives mais elles avaient encore payé un lourd écot en vies humaines en 40-45. La paix revenue, leur belle unanimité fut cependant rapidement brisée par la Guerre Froide.

Il allait en surgir divers mouvements dont le mouvement des Femmes pour la paix qui se définit comme progressiste et démocratique. Avec notamment une importante présence communiste mais pas exclusivement.

Six décennies plus tard, le Rassemblement des Femmes pour la paix est toujours là mais entre-temps il a été de toutes les grandes luttes féminines – féministes… – récentes. Cette évolution a été évoquée la semaine dernière au Centre Amazone sous la houlette de l’historienne Marie-Thérèse Coenen, en collaboration avec d’autres spécialistes de la question.

Un livre remarquablement bien illustré et surtout bien documenté avec une noria de portraits de militantes prolonge la réflexion, rappelant que le Rassemblement des Femmes pour la paix avait rapidement élargi son action après s’être limité d’abord à l’analyse de la situation internationale.

Pour cause d’affrontements idéologiques entre l’est et l’ouest, le mouvement eut sa part de tensions, d’éloignements et de rapprochements. Mais le RFP se souda dans le combat pour les nouveaux droits des femmes.

Le livre rappelle avec forces détails la popularisation de l’accouchement sans douleur, la grève des « femmes-machines » de la FN Herstal, la lutte pour le droit au travail des femmes mariées ou encore, last but not least, le long combat pour la dépénalisation de l’avortement.

C’est donc un ouvrage à mi-chemin entre travail historique et travail de commémoration issu d’un dialogue entre historiennes et des militantes de terrain. Ce qui le rend terriblement vivant et bigrement actuel !

Christian Laporte, Un féminisme entre grands combats pacifistes et d’utiles actions émancipatrices, La Libre Belgique, jeudi 3 décembre 2009.

« Et maintenant on va où? » Nadine Labaki

 

La réalisatrice de Caramel signe une fable drôle et grave, à caractère universel, sur la nécessité de rompre le cycle infernal des guerres et le cortège de malheurs que doivent toujours endurer mères, femmes, fiancées et soeurs.

Soudain, à bout d’arguments, Amal, la bistrotière explose, séparant les hommes du village qui en viennent aux mains. Dressés les uns contre les autres, au nom d’obscures querelles religieuses qui semblent opposer, de toute éternité, chrétiens et musulmans: Faut-il toujours vous pleurer? Devrons-nous toujours être habillées en noir? Avant de les expulser tous , manu militari, et d’offrir le refuge de ses bras aimants à son fils, un bout de chou, haut comme trois pommes, qui la regarde, étonné. Amal est veuve, comme tant de femmes dans cette contrée du Moyen-Orient, qui ressemble au Liban sans que ce pays ne soit jamais situé avec précision. La réalisatrice a préféré opter pour un conte à valeur universelle, à partir d’un constat accablant: les hommes se battent, font la guerre; les mères, épouses, fiancées et soeurs se retrouvent, sous le poids de la peine, courbées au-dessus des tombes, chargées d’assurer la continuité et la survie de leur communauté. Elles processionnent, seules ou en groupe, vers des cimetières, là encore séparés selon les confessions. Au nom du même Dieu. Comment venir à bout de cette tragique fatalité?

Fatiguées d’être condamnées à ce funeste sort, elles décident de se révolter contre les querelles au sang chaud, toujours prêt à s’embraser à la moindre étincelle, à jeter de l’huile sur le feu de leurs différends qui se transmettent de génération en génération. C’est ce cycle dramatique, cette roue infernale, qu’elles ont décidé de rompre. A défaut de force, elles se servent de la ruse, multipliant les stratagèmes pour détourner les hommes de leurs sinistres penchants et montrer le ridicule de leurs postures guerrières, la laideur aussi de leurs attitudes. Elles iront même jusqu’à payer une troupe de danseuse du ventre pour calmer les ardeurs querelleuses des mâles dans un pays où la pudeur est élevée au rang de dogme.

Sur un sujet dont le registre appelle la gravité, la réalisatrice libanaise de Caramel (2007), qui joue le rôle de la séduisante bistrotière, réussit à nous embarquer dans une parabole légère et drôle, sur un fond de tragédie dont les enfants sont les victimes collatérales. Nadine Labaki installe la vie quotidienne et pittoresque d’un village, avec des saynètes savoureuses et touchantes, le temps pour le spectateur de s’attacher aux personnages. Puis elle enchaîne avec des ruptures imperceptibles de registre et nous entraine dans sa réflexion, alternant subtilement le drame et la comédie, la musique et les pleurs, les rêves d’amours innassouvis, les tentatives de ocnciliation du prêtre et du cheikh, jouant avec habilité des symboles religieux. Avec des trouvailles dans l’écriture et les situations qui enchantent.

Le titre du film en forme de question ne peut se comprendre véritablement qu’à la dernière scène, bouleversante de simplicité, magnifique idée scénaristique,  superbement traitée, point d’orgue d’une oeuvre profonde, traitée avec la délicatesse de l’humour qui touche en plein coeur. Rires et larmes mêlés.

Par Jean-Claude Raspiengeas in La Croix, 14 septembre 2011.

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